Roberta
aaaah, Roberta !
Quand enfin, on crie mon nom à
l’autre bout du couloir. On m’ouvre une petite cellule et on m’indique qu’il
faut que je me mette en sous vêtement. Et là, je rigole. Parce que je ne suis
pas un brin pudique, mais apparaître en string devant une personne que je ne
connais pas, ça non, je ne sais pas faire. Je décide de garder mon bermuda, une
vraie rébellion. La porte s’ouvre et Roberta me fait face. Je la voyais plus «
France profonde » Roberta, alors que c’est un joli brin de femme. Je suis évidemment
affligée de ma propre capacité à me laisser influencer par d’aussi piètres
considérations, après tout, tout le monde sait que le prénom de fait pas le
moine. Menfin passons. Elle me sert vigoureusement la main et m’invite à
m’asseoir dans le gros fauteuil en simili cuir qui fait face à son bureau. Au
même moment, je me félicite intérieurement d’avoir gardé mon bermuda en pensant
à tous les postérieurs inconnus qui ont du passer par là avant moi. Tout
simplement répugnant, même mon bermuda se sent sale. Et là, je passe à la
Question. Roberta dégaine et enchaîne les questions plus vite que son ombre,
pourquoi, comment, et quand blablabla. Pourtant, j’essaye d’être brève. Si elle
croit que je vais lui confier mes petits bobos à elle, cette inconnue, elle
rêve Roberta ! Prise de tension, palpé roulé du bedon, pesée, je me sens comme une vache pas très loin de l'abattoir... La sentence tombe : «
c’est bon, on se revoit dans deux ans ». Je ressors dans la rue fermement
cramponnée à mon petit papier estampillé « dans deux ans » : ouf ! L’épreuve
est passée.
Je suis perplexe, néanmoins… quelle
est l’utilité de ces visites médicales ?! On ne travaille plus dans les mines
quand même ! Bon, le test de vision encore, je veux bien, mais est ce que ça ne
serait pas plus simple de nous demander une attestation médicale délivrée par
notre propre médecin ? Bon, d’accord, j’en ai pas. Mais je dois être une des
rares dans ce cas là. En tout cas, je suis tranquille pour deux ans, et ça, ça
me met en joie.